Un livre dans ma valise Europe,Témoignages Sylvie Baussier, autrice Jeunesse – « Mythologie grecque : les monstres, jouets des dieux »

Sylvie Baussier, autrice Jeunesse – « Mythologie grecque : les monstres, jouets des dieux »



Deuxième rendez-vous en ligne avec Sylvie Baussier pour évoquer la sortie de « Mythologie grecque : les monstres, jouets des dieux ».

Sylvie Baussier - auteur jeunesse

Vous venez d’écrire « Mythologie grecque : les monstres, jouets des dieux » qui sort ce mois-ci aux éditions Oskar. Comment est née cette collaboration avec la maison d’édition ?

Cette collaboration avec les éditions Oskar est née il y a plusieurs années : je leur ai proposé un roman biographique sur Henry Dunant, le fondateur de la Croix Rouge, et l’idée leur a plu. Je leur sais gré de m’avoir fait confiance. J’ai longtemps écrit essentiellement des documentaires, quelques albums aussi, mais les romans me faisaient très peur ! En effet, je lis beaucoup, et je plaçais la barre très haut, genre Proust ou Balzac, ce qui me paralysait ! Et puis petit à petit je suis venue à bout de ce blocage. Je me suis appliquée à regarder ce que je pouvais écrire, moi.

Qu’aimez-vous dans la mythologie grecque ?

Je suis fascinée par les mythologies en général : la façon dont les Egyptiens, les Grecs, les Mayas, les Japonais  et les autres ont expliqué les mystères de notre monde (comment l’univers est-il né, qui a créé les hommes…). De plus, chaque mythologie étaient liée à une religion, dont à des dieux, que l’on priait, auxquels on croyait… rien à voir avec les contes modernes (tout aussi intéressants, mais différemment).

Est-ce un voyage en Grèce ou l’apprentissage du grec qui vous a donné goût à ces mythologies ? Quel est votre premier souvenir de la Grèce antique ?

Je ne connais pas la langue grecque, mais je connais la Grèce et la Crète. Cela dit le premier voyage que j’ai fait vers ces terres s’est effectué… en classe de 6! Ma famille était peu cultivée, et c’est à l’école que j’ai découvert l’existence des mythologies grecque et égyptienne. Cela a été une révélation, et depuis lors je n’ai pas cessé de m’en émerveiller.

Dans ce recueil, vous nous donnez l’occasion de découvrir 9 mythes à travers 9 montres. Comment les avez-vous sélectionnés ? 

J’ai choisi des créatures que l’on connaît le mieux en général : l’hydre de Lerne, le sphinx, les sirènes, Polyphème le cyclope, le lion de Némée, Pégase, le Minotaure, Argos, Cerbère… Pour mieux les faire redécouvrir sous un tout autre angle.

Vous avez choisi de leur donner la parole, ce qui est original quand on pense à la mythologie. Pourquoi ce choix ?

J’ai écrit à la troisième personne, au passé, qui est le temps du récit, mais en prenant effectivement le point de vue de ces « monstres » : ce qu’on appelle dans le jargon linguistique la « focalisation interne ». De cette façon, chaque histoire prend un sens neuf. Par exemple, le sphinx n’est plus seulement la créature maléfique qui dévore les hommes incapables de répondre à ses énigmes, et qu’œdipe arrive à vaincre. C’est un être placé sur la route de Thèbes par la déesse Héra, et dont le destin est scellé par avance. De la même façon, les Sirènes mangeuses de marins ne sont pas « méchantes » par essence : elles étaient autrefois de belles jeunes filles, et les dieux les ont punies pour n’avoir pas pu sauver Coré, poursuivie par Hadès, le dieu des enfers (selon l’une des versions du mythe). Chaque histoire reprend ainsi son sens : ce sont les dieux qui tirent les ficelles, et eux-mêmes doivent obéir au Destin, contre lequel ils ne peuvent rien !

Comment avez-vous abordé l’écriture pour coller au plus près aux sources antiques ?

J’ai déjà beaucoup écrit sur la mythologie grecque, et je continue à le faire (« Animaux et créatures de la mythologie grecque » sort très bientôt chez Milan, co-écrit avec Nicolas Martelle, et je prépare un autre projet chez Gallimard pour septembre : c’est mon année « mythologie » !). Chaque fois je repars des textes antiques, mais aussi de sources très documentées, comme le célèbre dictionnaire de Pierre Grimal. Ensuite je pose tout cela, et j’écris, je suis le rythme de mes phrases et celui de l’histoire ! J’essaie de rendre chaque texte original, même si sur un tel sujet ce n’est pas évident !

En « bonus », le jeune lecteur va découvrir un dossier documentaire en fin de livre. Qui a eu l’idée de cet apport ? 

C’est moi qui l’ai souhaité. Il me semble important qu’après la lecture plaisir, le jeune lecteur (seul, ou avec ses parents, ou un enseignant) puisse aller plus loin, comprendre le contexte de ces mythes. C’est un plus, on le lit ou pas, comme on veut, mais au moins c’est là, à disposition.

Comment avez-vous travaillé avec Florence Koenig, l’illustratrice, pour que ces monstres prennent vie aussi bien dans les mots que dans les illustrations ?

Je n’ai pas le plaisir de connaître Florence Koenig « en vrai ». C’est elle qui illustre toute cette collection « Contes d’ici et d’ailleurs » chez Oskar, j’apprécie son style. Et elle sait magnifiquement lire les textes avant de les illustrer ! J’espère la rencontrer un jour, peut-être sur un salon du livre, qui sait ?

Si vous étiez en vacances en famille en Grèce, quel(s) serai(en)t pour vous le(s) lieu(x) propice(s) à la lecture de votre recueil ?
Pour moi, la lecture nous emporte ailleurs, par essence. Mais si j’avais la chance de retourner dans le monde grec bientôt, je me vois bien en Crète – l’île du Minotaure – entre les montagnes rudes et la mer bleu vif… Peut-être même dans le palais de Cnossos (mais sans trop de touristes !).

Propos recueillis par Sandrine Damie

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