Au Seuil, la collection « Voix autochtones » donne la parole à tous les Peuples Premiers qui en ont été privés pendant si longtemps. J’ai demandé à sa directrice de collection de vous présenter cette collection prometteuse.
Questions à Laurence Baulande, directrice de la collection Voix autochtones :
Pouvez-vous nous présenter l’identité de cette collection Voix autochtones au Seuil ?
« Voix autochtones » est une nouvelle collection de littérature lancée en mars 2023. Avec Bénédicte Lombardo, directrice éditoriale de la littérature étrangère au Seuil, nous prévoyons un rythme de trois titres par an. Cette collection accueillera des autrices et auteurs autochtones du monde entier : Amériques, Asie, Pacifique, Océanie et même Europe. La littérature de ces Peuples Premiers est d’une extraordinaire vitalité. Nous sommes bien loin des récits anthropologiques. Aujourd’hui, ces auteurs écrivent aussi bien de la poésie, que des polars, de la littérature young adult apocalyptique ou de la littérature générale ! La collection « Voix autochtones », pour sa part, accueillera uniquement des romans.
D’où vous est venue l’idée ?
J’ai passé dix années à Montréal, au Québec, où j’ai découvert bon nombre d’auteurs inuit et innus, Joséphine Bacon notamment. De retour en France, j’ai continué à m’intéresser à la littérature autochtone, tout d’abord à celle des aborigènes d’Australie, pays où j’ai également des attaches, puis de fil en aiguille, à l’ensemble de la littérature des Peuples Premiers. En France, ces titres sont éparpillés dans les collections de divers éditeurs. Les rassembler en une
seule collection, c’est leur donner davantage de visibilité et de légitimité. En cela, la création de « Voix autochtones » est aussi un acte militant : il s’agit de donner, enfin, la parole à des voix qui ont longtemps été tues.
Quelles sont les premières publications de « Voix autochtones » ?
Le premier sorti en mars 2023, Cinq Petits Indiens, est un roman choral qui se déroule des années 1960 à nos jours et suit les destinées de cinq rescapés des pensionnats indiens. Michelle Good est une auteure crie qui a travaillé pendant 25 ans comme avocate auprès de ces « survivants ». Ce roman a reçu le Prix du gouverneur général en 2020. Le second titre, qui paraîtra mi-avril, est celui d’une autrice aborigène,
Melissa Lucashenko qui nous emmène sur les traces de Kerry Salter, jeune femme aborigène homosexuelle qui ne quitte pas sa Harley, et de sa famille hautement dysfonctionnelle. Ce roman intitulé, Celle qui parle aux corbeaux, a reçu le prix Miles Franklin en 2019.
Enfin à l’automne, nous publierons La Femme Grenouille, de l’artiste same Niillas Holmberg qui, à travers le prisme d’une histoire d’amour entre un jeune Finlandais et une artiste same s’interroge sur la difficulté de créer sans trahir son identité autochtone.
J’ai hâte de lire le 1er roman de la collection, et vous ?
Sandrine Damie
Cinq petits indiens
De Michelle Good
Seuil – Collection Voix autochtones
22 €
Celle qui parle aux corbeaux
De Melissa Lucashenko
Seuil – Collection Voix autochtones
23 €
Éparpillés les titres ? Pas tous non… Depuis 2019 une collection est intégralement dédiée à la littérature autochtone d’Amérique du Nord, « Talismans », où a paru un certain « Kukum »… : https://www.editions-depaysage.fr/collections/talismans/ 😉
Bonjour, Merci pour votre commentaire et pour le lien vers votre maison d’édition que j’ai eu la chance de découvrir à travers la lecture de « Métisse » de Maria Campbell. Je vais lui consacrer une chronique la semaine prochaine justement. Si vous souhaitez prolonger la discussion sur les « titres éparpillés », je vous invite à vous rapprocher de Laurence Baulande, directrice de la collection Voix autochtones (Seuil) qui a évoqué cette idée dans son interview. Auriez-vous envie de présenter la collection Talismans sur mon blog ? Au plaisir de me plonger dans votre collection au fil des mois. Bonne journée, Sandrine