Le roman « Château de cartes » de Miguel Szymanski raconte l’histoire contemporaine du Portugal, avec les élites financières qui pourraient bien ruiner le pays avec leurs placements hasardeux, la corruption et le tourisme de masse qui n’en finit pas d’envahir Lisbonne.
Que raconte ce roman sur le Portugal ?
« Marcelo Silva a été nommé à la tête d’une brigade portugaise anti-corruption, formée dans un seul but : lutter contre les « élites » financières qui ont mis le pays à genoux. Expatrié en Allemagne, l’ancien journaliste retrouve alors le pays qui l’a vu naître et sa ville, Lisbonne.
À peine arrivé, Marcelo est confronté à la disparition d’un riche banquier – qui se trouve également au coeur d’un scandale prêt à éclater. Pendant dix jours, il parcourt la ville assaillie de touristes pour retrouver le millionnaire déchu avant qu’il ne soit trop tard.
Un roman haletant qui plonge au coeur d’un pays aussi attrayant que corrompu. »
Mon avis sur le roman « Château de cartes »
Marcelo vient de quitter l’Allemagne où il était installé en tant que journaliste économique depuis plusieurs années pour revenir travailler sur sa terre natale : Lisbonne (situation similaire à celle qu’a connu l’auteur de ce roman noir). Mais la vie de quartier n’est plus ce qu’elle était et le tourisme a délogé nombre d’habitants dénaturant inexorablement la ville. Pourquoi revenir alors ? Marcelo vient d’accepter de prendre la tête d’une nouvelle brigade anti-corruption. Il va devoir découvrir puis démanteler les réseaux bancaires et politiques truffés de montages financiers douteux qui pourraient bien provoquer la faillite d’une des plus grandes banques du pays. On ajoute à ce tableau, la disparition de l’un de ces richissimes banquiers au moment le plus inopportuns dans l’enquête… et voilà Marcelo à courir par monts et par vaux dans Lisbonne et aux alentours. Et n’oubliez pas, « Au Portugal, tout est négociable« , comme le dit Marcelo en cours d’histoire…
Il est ici question de la mutation économique et sociologique de Lisbonne de 2008 à 2014. Après quelques années d’expatriation, le protagoniste principal (comme l’auteur qui lui prête vie) a le recul nécessaire pour dépeindre la ville avec ses changements, ses atouts et ses vieilles pratiques de corruption. Il oscille entre la nostalgie de son enfance et la société qui vacille du fait de la corruption. Ses amis et personnages secondaires apportent des éclairages complémentaires sur cette vision au vitriol de la capitale portugaise.
Si vous aimez les ambiances un brin angoissante autour d’intrigues financières, ce roman est fait pour vous ! Ancré dans un passé très proche, que nous avons tous vécu, ce récit fait froid dans le dos en pointant des pratiques plus que douteuses dont les plus riches ne semblent pas vouloir se départir.
Pour ma part, ce n’est pas forcément un coup de cœur car les enjeux des histoires financières me dépassent trop. Pourtant, j’ai aimé cette lecture pour son portrait de Lisbonne en mutation. Ce roman questionne sur le choix de société que l’on souhaite et sur l’impunité des plus riches. C’est d’autant plus glaçant qu’on est en plein dedans, à Lisbonne ou ailleurs dans le monde…
Sandrine Damie
Château de cartes
De Miguel Szymanski, traduit par Daniel Matias
Editions J’ai Lu
8,50 €