Dans son roman « Le dernier chant de l’Inca », Gérard Herzhaft éclaire le lecteur sur la soif d’or des Espagnols débarqués au milieu des Incas… et les terribles répercussions sur cette civilisation pré-colombienne.
Avant l’arrivée des Espagnols au Pérou (1532), les terres étaient celles des Incas. Guerriers mais aussi adorateurs du Dieu Soleil, ils avaient une culture, une civilisation riche, des traditions orales. L’arrivée des Espagnols sur ces terres – inconnues des peuples européens – va bouleverser le quotidien des autochtones à tel point que cela marque la fin du rayonnement des Incas.
Gérard Herzhaft a su saisir ce tournant historique dans son roman « Le dernier chant de l’Inca », récit attachant de la fin de vie d’un Inca bien particulier : Huarachi, le dernier guerrier-troubadour inca qui a connu le temps de la splendeur et l’a conté dans tous les villages de la région.
Le lecteur fait sa connaissance alors qu’il est en train de se rendre sur les bords du lac Titicaca en 1561. Il est encore à quelques jours de marche de la dernière étape de sa vie – les Dieux l’appellent à lui – et fait halte dans un village. Ravis de cette rencontre improbable avec un conteur de l’ancien empereur Inca, les villageois organisent une grande fête inca. Mais les Espagnols basés dans les environs comptent bien faire taire cet enthousiasme tribal. Ils ont pour mission d’évangéliser les autochtones et de punir tout contrevenant. A l’aube, ils attaquent le village.
La soif de l’or…
Si la religion semble la première motivation des Espagnols, rapidement la soif de l’or prend aussi le dessus dans les choix des Conquistadors.
Huarachi décide de venir en aide aux villageois, et notamment au chef et à Yanawa, neveu du chef, qu’il pressent être son successeur. Il promet aux Espagnols de l’or à foison s’ils épargnent le village. Pour cela, les Espagnols doivent le suivre sur un chemin au coeur du territoire des Antis, qu’il est le seul à connaître.
Le lecteur suit alors cette itinérance improbable de 3 Incas au coeur de la forêt amazonienne suivis par une poignée d’Espagnols dont l’envie d’or est devenue la plus grande obsession.
Tout au long de cette traversée, Huarachi partage avec le jeune inca ses connaissances et sa vision du monde. Sa sagesse, sa résistance au mal et ses visions en font un être d’exception à la fois craint (par les Espagnols) et admiré (par Yanawa).
Une fois les Espagnols menés à une source d’or, les Indiens les attaquent et les voilà aveuglés par leur soif de l’or… ils ne voient pas que le sort est contre eux et se font massacrer… sauf le chef qui, ayant sauvé Yanawa en cours de chemin, voit sa vie sauvée par Huarachi.
Avant l’ultime étape de sa vie, Huarachi découvre le nouveau empereur dans son palais du Nouveau Cuzco. Et quelle déception de voir le Chef de ses ancêtre allié aux Espagnols dissidents !
Huarachi poursuit sa route avec le sentiment d’une page qui se tourne irrémédiablement… à moins que Yanuwa soit inspiré par les Dieux incas.
Le dernier chant de l’Inca
Si tout le récit tourne autour de la relation Incas/Espagnols et la domination des uns sur les autres, le passage le plus poignant du roman est son dernier chapitre. L’Inca arrive au bord du lac Titicaca. Et sous les yeux du Chef espagnol, il va accomplir sa destinée.
C’est beau. C’est bouleversant. C’est un instant magique et fragile. L’auteur tient le lecteur jusqu’à la dernière ligne, et l’on regrette de ne pas avoir pu passer plus de temps aux côtés d’Huarachi.
Un roman que je recommande aux ados qui partent prochainement au Pérou !
Sandrine Damie
Le dernier chant de l’Inca
De Gérard Herzhaft
Nathan Poche – Histoire
4,95 euros