Les moments magiques sont rares et savoureux. Je viens d’en vivre un grâce au blog : oser demander l’interview des auteures de Pax, nouvelle série de romans noirs suédois pour les ados, que j’ai beaucoup appréciée… et recevoir les réponses enthousiastes et détaillées de Åsa Larsson et Ingela Korsell. Deux voix dynamiques pour un roman glaçant !
Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire à « quatre mains » ?
Ingela :
Cela a commencé lorsque Åsa a été sollicitée pour écrire une série de nouvelles fantastiques pour enfants par la radio suédoise. Comme Åsa et moi partageons un bureau, elle m’a demandée si je voulais participer. Et j’ai bien sûr répondu oui ! Nous avons commencé à discuter de livres à suspens que des enfants aimeraient. J’ai une formation d’enseignante, et je me suis mise à réfléchir au type de livres que les élèves les moins enthousiastes aimeraient. Åsa a un fils qui n’aime pas lire, et elle a donc également réfléchi à ce qui le pousserait à ouvrir un livre. A partir du moment où nous avons commencé à croiser nos idées, nous n’avons simplement pas pu nous arrêter !
Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un thriller pour adolescents ?
Åsa :
Parce que c’est le genre de livres que nous-mêmes aimons lire. Nous avons voulu écrire quelque chose qui, lors de la lecture, donne l’impression de prendre les montagnes russes. Nous voulons que le lecteur rit, aie peur, et ressente tout cela profondément. Comme Ingela étudie aussi l’illettrisme – elle aura bientôt son doctorat – nous savons que les enfants qui n’aiment pas lire préféreront des livres qui sont plein de suspens et drôles.
Comment adaptez-vous votre écriture à un roman destiné aux ados ?
Åsa :
J’écris de manière plus resserrée, je dois être plus précise quand j’écris pour des enfants que quand j’écris pour des adultes. Je suis conscience que nos lecteurs tiennent moins en place et se concentrent moins de temps que des lecteurs adultes.
Ingela :
Nous plongeons donc directement dans l’histoire, nous utilisons des « situations d’angoisse » (« cliff-hangers »), et d’autres méthodes pour tenir le lecteur en haleine.
Pouvez-vous nous parler de la conception des caractères et de leurs personnalités ? Comment avez-vous créé cette galerie de portraits avec votre co-auteur ?
Åsa :
Nous avons écrit avec nos coeurs. Les écrivains disent parfois que ce sont les histoires qui viennent à eux. J’ai vraiment senti que les caractères de Viggo et Alrik sont venus nous inspirer, comme s’ils existaient déjà, attendant juste des écrivains pour leur donner corps.
Ingela :
Une chose que nous faisons quand nous créons de nouveaux caractères et d’essayer d’être un peu critiques du « normal ». Nous testons les normes… Nous utilisons souvent des constellations familiales inhabituelles. Mais nous ne les jugeons jamais. Elles sont juste là.
C’est une grande force d’écrire à deux parce que nous pouvons vraiment discuter ensemble des personnages. Nous explorons leurs histoires personnels, leurs sentiments, leurs motivations. Nous les testons l’une sur l’autre. C’est plus simple que quand on écrit seule.
Pourquoi avez-vous choisi de situer l’histoire de Pax en Suède ?
Ingela :
Je pense qu’il est astucieux de parler de ce qu’on connaît bien.
Comment avez-vous choisi le village de Mariefred comme élément central de vos romans ?
Åsa :
Mariefred existe, et Ingela et moi y habitons. Mariefred est un vrai village de livre d’images du monde, et c’était donc l’endroit parfait pour relâcher des monstres !
Le côté obscur est très présent à Pax. Qu’en pensent les lecteurs ?
Åsa:
Ils ADORENT !
Ingela :
Chaque jour nous recevons des messages de parents, enseignants et enfants ; ils nous parlent d’enfants qui ont découvert le plaisir de la lecture grâce à cette série. C’est simplement incroyable. Les parties qui font peur permettent d’accrocher le lecteur et de le retenir. On nous dit toujours que les lecteurs préfèrent les moments où ils ont peur.
Åsa :
Nous entendons souvent dire que les parties les plus effrayantes ne sont pas les monstres. Ce sont les moments inspirés par la réalité de la société. Que les garçons sont tellement vulnérables, qu’ils pourraient ne pas être autorisés à rester vivre avec Anders et Laylah, que ce sont des harceleurs à l’école. Nos lecteurs aiment ces aspects très réalistes.
Les illustrations de Henrik Jonsson aident à faire plonger le lecteur dans ce monde noir. Qui a eu l’idée de donner autant de place aux illustrations, comme dans un roman graphique ?
Åsa :
Mon fils Leo n’aimait pas lire. Mais quand il a eu 11 ans, il a adoré The Walking Dead. Il aimait le romans graphiques. Nous savions que ce type de littérature était la seule à pouvoir convaincre ces lecteurs récalcitrants.
Ingela :
Et ensuite nous avons trouvé Henrik ! Un partenariat venu du ciel ! Il a su parfaitement interpréter le graphisme que nous cherchions.
En France, seulement les deux premiers volumes sont publiés pour l’instant. Pouvez-vous nous révéler la suite ou l’arrivée de nouveaux personnages dans les volumes suivants ?
Åsa and Ingela :
OUI!
Åsa :
Dans le livre 3, vous allez rencontrer la fille la plus cool du monde. Son nom est Iris.
Ingela :
Elle est très mystérieuse.
Åsa :
On ne dira pas plus !
Ingela :
Bon, on peut aussi vous dire que vous pourriez être sur le point de rencontre le chien le plus adorable du monde… !
A découvrir :
Pax, Tome 1 – Les ténèbres avancent
Pax, Tome 2 – Le grimm rôde
Merci à Susanne de NosJuniors.com pour avoir assuré la traduction 🙂