Ce roman initiatique nous fait suivre la façon dont 4 destins d’enfant vont basculer différemment en à peine 2 ans.
Le Ramayana (« parcours de Rama ») est une épopée mythologique qui occupe une place majeure dans la culture hindoue. S’appuyant sur le principe de cette légende (où Rama, 7e avatar de Vishnu va se marier, connaître l’exil puis retourner sur son trône), Tristan Koëgel a tissé une aventure népalaise sur une trame similaire : un jeune homme, amoureux puis anéanti par la peine part en exil dans l’Himalaya pour se reconstruire.
Dans « les sandales de Rama », la chaussure de la bien aimée fait le lien entre les différentes vies, les destins qui se croisent et s’éloignent, jusqu’au jour de l’abandon de ce talisman de cuir.
Ainsi à Katmandou, Upendra est un jeune ado débrouillard. Depuis que son père, ancien guide de montagnes, ne peut plus assurer de randonnées dans l’Himalaya avec les touristes, il subvient aux besoins de sa famille en vendant des barbes à papa. Chaque jour, c’est le même rituel en compagnie de son ami Arjun, intouchable, et bientôt d’un petit singe sans queue.
La vie bien huilée du jeune Upendra va connaître un premier virage majeur lorsqu’il tombe amoureux de l’irrésistible Satiya. Cette ancienne Kumari (déesse vivante choisie dès le plus jeune âge et qui garde ce titre et les honneurs qui vont avec jusqu’à sa puberté) d’abord indifférente, va petit à petit tomber sous le charme de cet audacieux jeune homme.
Chaque soir, le marchand de barbes à papa, l’intouchable et la belle rejoignent Shanti, un jeune moine qui lave inlassablement la statue de Vishnu avec une dévotion extrême.
Et puis le grand tourbillon des rues népalaises s’invite dans l’histoire. Le lecteur est alors tenu en haleine par les parcours des 4 protagonistes, Upendra et Satiya étant au coeur des intrigues. Du centre de Katmandou aux sommets de l’Himalaya, des rituels hindoues à la vie des fakirs, de l’espoir d’un amour partagé à l’errance sur les pentes enneigées népalaises, ce roman nous embarque à cent à l’heure dans une histoire pleine de rebondissements.
On rit, on est tenu en haleine, on s’inquiète pour ces jeunes, on trépigne d’impatience, on se dit « mais non, c’est pas possible ! », on pleure aussi… Le chemin initiatique est semé d’embuches mais c’est le prix à payer pour s’élever et devenir un homme en paix avec lui-même.
Au final, un roman captivant dressant un portrait détaillé de la société népalaise, ses rites et coutumes s’entrechoquant parfois avec le monde moderne. Et les sandales de Rama me direz-vous ? Je vous laisse le plaisir de suivre leur parcours à travers les rues grouillantes de vie de Katmandou, dans une bijouterie et dans quelques villages haut perchés dans la montagne !
Sandrine Damie