Si vous aimez les romans d’aventure ou les romans maritimes, vous allez rester sans voix en découvrant l’histoire des « Naufragés du Wager« . Dans des conditions extrêmes de dénuement, l’humanité a laissé place aux aspirations les plus sombres sur une île perdue au large de la Patagonie.
« Les naufragés du Wager » se lit comme un roman, mais ce n’est pas un roman. David Grann, auteur et journaliste américain, a passé des heures à étudier tous les documents originaux en lien avec cette incroyable épopée d’un vaisseau britannique au 18e siècle. Car aussi fou que cela puisse paraître, tous les faits rapportés dans cet ouvrage sont vrais !
Motivée par le pillage du trésor d’un galion espagnol, l’aventure va se révéler chaotique, inhumaine et dévastatrice durant toute la traversée… dont le point culminant va se dérouler sur une île inhospitalière près de la Patagonie. Mais comment survivre et rentrer en Angleterre ? Vous allez le découvrir dans ces 500 pages au rythme haletant.
Cette non-fiction nous rappelle que les histoires les plus invraisemblables sont parfois bien réelles : qui aurait pu imaginer un tel scénario macabre avec autant de rebondissements ?
Que raconte « Les naufragés du Wager » ?
« En 1740, le vaisseau de ligne de Sa Majesté le HMS Wager, deux cent cinquante officiers et hommes d’équipage à son bord, est envoyé au sein d’une escouade sous le commandement du commodore Anson en mission secrète pour piller les cargaisons d’un galion de l’Empire espagnol. Après avoir franchi le cap Horn, le Wager fait naufrage.
Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Le chaos et les morts s’empilant, et face à la quasi-absence de ressources vitales, aux conditions hostiles, certains se résolvent au cannibalisme, des mutineries éclatent, le capitaine commet un meurtre devant témoins. Trois groupes s’affrontent quant à la stratégie à adopter pour s’en échapper. Alors que tout le monde croyait que l’intégralité de l’équipage du Wager avait disparu, un premier groupe de vingt-neuf survivants réapparaît au Brésil deux cent quatre-vingt-trois jours après la catastrophe maritime. Puis ce sont trois rescapés de plus qui atteignent le Brésil trois mois et demi plus tard. Mais une fois rentrés en terres anglicanes, commence alors une autre guerre, des récits cette fois, afin de sauver son honneur et sa vie face à l’Amirauté et au grand public.
Reconstitution captivante d’un monde disparu, Les Naufragés du Wager de David Grann est un formidable roman d’aventures et une réflexion saisissante sur le sens des récits. Un grand livre par l’un des maîtres de la littérature du réel. »
Mon avis sur « Les naufragés du Wager »
Époustouflant. David Grann a fait un travail d’orfèvre en croisant les données brutes tirées de tous les journaux de bord des marins de l’époque pour livrer une version à peine romancée de cette traversée qui tourna à la sauvagerie.
De façon chronologique, il croise les points de vue du capitaine Cheap et des membres de son équipage (dont le jeune Byron qui inspirera des années plus tard son petit fils le poète Lord Byron !). Il distille les citations entre guillemets pour étayer son propos, fait des mises en contexte historiques (sur les maladies dont souffrent les marins, sur la cartographie, etc.) sans jamais que le style soit lourd.
Quand la réalité dépasse la fiction, cela donne une lecture captivante avec des rebondissements improbables et pourtant véridiques. Comment rendre plausible l’inimaginable ? C’est chose faite avec ce récit maritime qui nous bluffe par la capacité de certains à tenir face à tant d’adversités !
J’y vois un bel hommage à tous ceux qui prenaient la mer pour un monde inconnu, pas forcément un hommage aux officiers à la recherche de la gloire et de la fortune, mais plutôt aux marins enrôlés parfois (souvent) de force pour fuir une vie de misère. En nous immergeant dans la vie de ces vaisseaux de l’empire britannique, l’auteur nous offre un autre regard sur le colonialisme mais aussi sur la condition humaine.
À noter : vous êtes passionné par cette histoire ? Plongez-vous dans les 40 pages de notes et les 20 pages de bibliographies qui promettent des heures de lecture-passion !
Ne passez pas à côté de cette épopée maritime !
Sandrine Damie
Les naufragés du Wager
De David Grann
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Johan-Frédérik Hel Guedj.
Les Editions du sous-sol
23,50 €