Dans son roman « Journal d’un vide », l’autrice japonaise Emi Yagi évoque la place des femmes dans le monde du travail au Japon. Lassée de devoir rendre service à tout le monde au bureau, madame Shibata dit qu’elle est enceinte. Et sa vie pro va totalement changer…
Mon avis sur ce roman japonais
Premier roman d’Emi Yagi paru en 2020 au Japon et récompensé par le prix Osamu Dazai (Prix du meilleur premier roman au Japon), « Journal d’un vide « raconte l’histoire de Madame Shibata, une jeune trentenaire diplômée et célibataire qui travaille dans une entreprise japonaise où elle est la seule femme de son service.
Face au sexisme ordinaire et aux tâches ingrates dont elle hérite du fait de son genre, Madame Shibata décide de mentir à ses collègues en leur annonçant qu’elle est enceinte. Et soudain, son quotidien pro est allégé : fini le café à préparer pour tout le monde, la poubelle à vider ou les journées à rallonge. Tout le monde fait désormais attention à sa santé au bureau… à tel point que ce mensonge lancé spontanément en réunion va perdurer.
Les chapitres égrainent les semaines de grossesse fictive qui a force d’être documentée par madame Shibata lui semble bien réelle. Et là on bascule avec elle : comment va-t-elle se sortir de ce mensonge ? Est-elle vraiment persuadée d’être enceinte ?
Avec un humour grinçant et une plume acérée, Emi Yagi dresse le portrait d’une femme tiraillée entre ses aspirations et les conventions sociales. Le roman explore avec finesse les thématiques du sexisme au travail, de la place des femmes dans la société japonaise et de la maternité.
Cet acte de rébellion contre un système patriarcal qui la confine à un rôle subalterne sera-t-il salvateur ? À vous de le découvrir dans ce court roman très puissant.
Bonne lecture !
Sandrine Damie
Journal d’un vide
D’Emi Yagi, traduit par Mathilde Tamae-Bouhon
Éditions 10/18
8.60 €