Rama est une incarnation de Vishnou, et sa légende s’est transmise à l’oral puis à l’écrit sous la forme d’une épopée guerrière fantastique où l’on découvre les fondements de l’hindouisme.
La première version connue du Ramayana en sanskrit est composée de 24 000 vers. Elle est le fruit d’une transmission orale qui a traversé les siècles avant de connaître de nombreuses versions écrites de ce texte fondateur de l’hindouisme.
Pour le rendre accessible et compréhensible à des lecteurs occidentaux (dès l’adolescence), il aura fallu le talent d’un conteur pour y parvenir (version parue chez Casterman Poche). Pascal Fauliot a mis toute son expérience de narrateur, avec son sens du rythme et des tournures parfois très poétiques, au service de ce chef d’oeuvre littéraire d’Asie du Sud-Est..
C’est sous la forme de chapitres, relatant des épisodes marquants de la vie de Rama que l’auteur nous conte cette épopée indienne. Un glossaire avec les noms principaux et les rites hindouistes éclaire le lecteur en introduction. J’avoue que pour se plonger dans le récit, c’est bien utile car, au début, il peut être facile de s’y perdre !
Une fois ces quelques repères assimilés, on se laisse porter par les aventures, plus que fantastiques ou métaphoriques de Rama, fils du roi Dasharatha, souverain d’Ayodhya. Rama est le plus beau, le plus gentil, le plus tolérant, le plus sage des hommes sur Terre. Au fil des pages, le lecteur découvre l’état d’esprit du jeune homme, sa posture immuable face aux traîtrises, aux bassesses de certaines personnes qui l’entourent. L’écoute, la mansuétude et le pardon sont son sacerdoce. Il pardonne à tous sans jamais connaître la colère ou la haine !
Et bien sûr, Rama – incarnation de Vishnou (il le découvre lui-même au cours de sa vie) – va tomber éperdument amoureux de Sita, la plus belle des femmes du royaume. Il acceptera l’exil (elle aussi), choisira une vie d’ascète plutôt que celle du palais, et sera un modèle pour chacun jusqu’à son accession au trône. Contrairement à beaucoup de fratries dans les familles royales, aucun combat entre Rama et ses 3 frères ne viendra ternir la vie du royaume, chacun acceptant avec plaisir le rôle qui lui est dévolu.
Ce qui est incroyable dans cette légende, c’est l’aspect très fantastique des épreuves, des combats que doit mener Rama. La violence des confrontations est d’autant plus terribles que les démons font part de stratagèmes horribles et sanguinaires pour vaincre Vishnou, le Dieu suprême, en vain bien évidemment.
A noter : les illustrations de Philippe Munch, en tête de chapitres, offrent une respiration dans la lecture. Elles sont aussi une source d’inspiration pour se projeter dans cet univers hindouiste peu/mal connu en Occident.
Cette lecture apporte un premier éclairage plus qu’utile à toute personne qui souhaite voyager en Inde, en Indonésie ou à Bali. Fort de la lecture de cette version du Ramayana, votre ado appréciera mieux les spectacles de danses ou de marionnettes qui illustrent souvent les épisodes marquants de la vie de Rama.
Et si vous voyagez à Bali ou en Indonésie en famille avec un plus petit, à vous de lui rendre accessible quelques-unes de ces aventures en lui offrant une version personnelle de ce que vous aurez retenu !
Sandrine Damie