« Avec la permission de Gandhi » d’Abir Mukherjee est un polar qui vous plonge dans l’Inde des années 1920 alors même que Gandhi prône la désobéissance civile. Une intrigue bien ficelée avec une trame historique très intéressante.
Abir Mukherjee est né à Londres dans une famille d’immigrés indiens, originaires de Calcutta, et a grandi dans l’ouest de l’Écosse. Fan de romans policiers depuis l’adolescence, il travaille d’abord à la City avant de se lancer dans l’écriture, avec une idée de départ : faire évoluer un détective britannique en Inde au temps du Raj. Il remporte un concours d’écriture et se lance alors un pari ambitieux : créer une série policière couvrant la période de 1919 à l’indépendance de l’Inde en 1947 au coeur du Raj britannique, dans la région du Bengale et à Calcutta. Epicentre du commerce impérial, Calcutta est alors aussi un foyer d’agitation, où se les premiers mouvements indépendantistes vont prendre forme en Inde.
Quelle est l’intrigue de « Avec la permission de Gandhi » ?
La série met en scène un duo atypique et complémentaire :
- Le capitaine Wyndham, ancien détective anglais de Scotland Yard, que ses blessures à la guerre ont rendu dépendant à l’opium. Il débarque à Calcutta en 1919 pour servir la police impériale.
- Le sergent Banerjee est un jeune policier indien brillant. Fils d’un Bengali influent et aisé, éduqué à Cambridge, il est l’un des premiers Indiens à être intégrés dans la police criminelle de Calcutta, non sans que cela suscite quelques tensions familiales.
Bon à savoir : il est tout à fait possible de lire un roman de la série de façon indépendante. « Avec la permission de Gandhi » est d’ailleurs le 3e tome. Son récit se situe en 1921.
Tout commence dans une fumerie d’opium : le capitaine Wyndham qui vient chercher sa dose quotidienne doit s’enfuir lors d’une descente inopinée de ses collègues des stupéfiants ! Lorsqu’il s’échappe, il tombe nez à nez avec un cadavre… mais comment avouer cette découverte à ses homologues quand on a rien à faire dans une fumerie d’opium ? Il n’a pas d’autre choix que de chercher qui est ce mort et qui l’a assassiné… tout cela alors même que Calcutta est bousculé par les manifestations du mouvement pacifiste mené par Gandhi.
Et vous voilà au coeur des événements avec deux protagonistes dont les opinions divergent et apportent différents éclairages sur cette période charnière de l’histoire de l’Inde. L’intrigue d’une enquête menée en secret serait bien trop simple, alors l’auteur l’a imbriqué dans une série de meurtres en pleine rébellion. Qui tue et pourquoi ?
Et si on ajoute à cela le séjour du prince George, futur roi d’Angleterre qui doit débarquer le 25 décembre à Calcutta dans le cadre d’un voyage officiel à travers l’Inde, autant dire que le duo aura des journées plus que mouvementées.
Mon avis sur ce roman d’Abir Mukherjee
Il est très touchant de découvrir ce roman d’un écrivain anglo-indien, qui dit s’être lancé dans cette écriture en quête de son identité, lui qui d’origine indienne avait grandi à Glasgow. Sa double identité lui permet de jouer sur les deux tableaux : la version colonialiste anglaise, et la version émancipatrice indienne. Il apporte ainsi sa vision toute personnelle de l’Histoire de la colonisation anglaise de l’Inde à travers ses romans, qui lui permettent une mise à distance un brin cynique !
J’ai beaucoup apprécié ce duo improbable mais attachant qui raconte à sa manière cette année 1921 qui a vu les Indiens reprendre en main leur destin, sous l’égide de Gandhi. Je vous recommande ce polar historique, sans aucune réserve ! Je vais désormais dénicher les 2 précédents tomes et les 2 suivants (l’auteur en a publié 5 en anglais) en attendant qu’il poursuive les aventures de Sat et Wyndham jusqu’à 1947.
Quoi de mieux qu’un bon polar pour donner envie de s’intéresser à l’Histoire d’un pays ?
Bon voyage en Inde !
Sandrine Damie
Avec la permission de Gandhi » d’Abir Mukherjee
Version broché (Éditions Liana Levi – 20 €)
Version Poche (Folio Policier – 9,20 €)