A l’occasion de sa sortie aux éditions J’ai Lu, je me suis passionnée pour ce roman biographique « Le faucon » de Gilbert Sinoué. Il retrace le destin du cheikh Zayed, père fondateur des Émirats Arabes Unis.
Comment nait une nation ? Et, qui plus est, comment nait une nation au milieu du désert ? Gilbert Sinoué s’est plongé dans l’histoire singulière des Émirats Arabes Unis qui ont pris forme dès les années 60, les revenus du pétrole découvert dans la région donnant l’opportunité aux tribus de se développer économiquement et de se fédérer.
Nombreux sont ceux et celles qui pointent du doigt les Emirats sur leur démesure et leurs choix qui vont à l’encontre de la prise en compte des enjeux environnementaux sur le dérèglement climatique. Ce roman apporte un regard différent sur la création et l’expansion des EAU. Les Émirats Arabes Unis sont nés de la volonté d’un cheikh de donner aux tribus de la région accès à l’eau, à l’éducation et aux soins. Grâce à ce roman qui donne la parole au Cheikh et à son entourage, j’ai découvert ce visionnaire et regarde différemment l’expansion des émirats du Golfe persique.
C’est en 1971 que la fédération des EAU est officiellement déclarée. Ce roman retrace ce développement fulgurant mettant en avant les doutes et les aspirations du Cheikh et des tribus qui ont décidé de lui faire confiance. Ici, il est question de la chasse aux faucons, de respect des traditions, de l’eau au cœur de la vie, de l’émancipation d’un peuple, des bouleversements politiques touchant le Moyen Orient, de sa Foi, etc. Et pour que ce projet prenne vie, le Cheikh n’a eu de cesse de le faire dans le respect des traditions et des peuples bédouins donnant à chacun la possibilité de s’exprimer. Il faut aussi souligner la place qu’il accordait dans ses choix à l’avis de sa femme Fatima, véritable partenaire dans cette construction d’une communauté unie, égalitaire et en paix.
À quand un roman centré sur le destin de Fatima ?
4e de couverture du Faucon de Gilbert Sinoué
« Je suis né le 6 mai 1918. J’ai quatre-vingt-six ans. Une certitude : j’ai mille ans de souvenirs. En cette heure où le jour décline, assis en tailleur au sommet de cette dune de sable, comme du temps de ma jeunesse au milieu des Bédouins de ma tribu, ces souvenirs je les vois qui défilent en cortège sur la ligne d’horizon. Je vois des villes qui s’enchevêtrent dans la chevelure du temps. Des villes aux vastes avenues se dressent désormais ici, sur ma propre terre où n’existaient alors que les routes du vent. Je vois des gratte-ciel et des jardins, là où ne poussait que la rocaille. Des palmiers, des nuées de palmiers. Des écoles, des universités, des hôpitaux, des musées, et tant d’autres rêves devenus vrais. Un mirage devenu pierre et acier. Ce ne fut pas simple, mais ce fut exaltant. J’ai tiré des entrailles du désert un pays dont les gens d’Occident savent le nom : le « père de la Gazelle ». Mon nom, lui, vous est peu connu. Je m’appelle Cheikh Zayed. »
Au final, ce roman biographique est un condensé d’histoire contemporaine narrée avec la douceur d’un poète. Je me suis laissée emporter par le récit de ce destin hors du commun. Certaines phrases sont d’ailleurs des trésors de sagesse :
« J’ai toujours cru que donner un peu de soi était le meilleur moyen de s’appartenir »
« C’est de nos différences que doit naitre les liens qui unit les hommes »
« On ne triomphe de la nature qu’en lui obéissant. »
Bonne lecture à tous et toutes,
Sandrine Damie
Le faucon
De Gilbert Sinoué
J’ai Lu
7,80 €