« Une dose de rage » est un thriller écrit par une autrice amérindienne que je ne suis pas prête d’oublier. Vous allez vous retrouver aux côtés de Daunis, lycéenne dont la meilleure amie vient d’être tuée sous ses yeux. Derrière ce meurtre, il est question d’un trafic de drogues au cœur de la communauté amérindienne…
Angeline Boulley, l’autrice de « Une dose de rage », roman pour grands ados, est membre de la tribu des Ojibwés de Chippewa (dans la région des Grands Lacs), comme son héroïne. Toute sa vie, elle a été impliquée dans l’éducation des membres de sa communauté, jusqu’à obtenir le poste de directrice du Bureau de l’éducation indienne. Après dix ans à écrire « Une dose de rage », elle vit aujourd’hui de sa plume. Bien qu’elle habite désormais dans le sud du Michigan, son cœur est toujours resté à Sault Ste. Marie et Sugar Island, lieux centraux de ce roman.
Si vous êtes bilingue anglais, voici une interview d’Angeline Boulley sur ce roman :
Présentation du roman « Une dose de rage » par sa maison d’édition
Après avoir été témoin du meurtre de sa meilleure amie, Daunis, 18 ans, se retrouve malgré elle entraînée dans un monde dont elle ignore tout : un trafic de drogue d’un genre nouveau, qui sévit sur la réserve ojibwée de Sault
Ste. Marie, petite ville du Michigan. Jamie, un jeune agent du FBI sous couverture, lui demande de devenir son
indic. Mais Daunis n’est pas prête à découvrir tous les secrets qui entachent sa communauté…
Mon avis sur « une dose de rage »
Vous arrive-t-il parfois de ralentir votre lecture pour rester un peu plus longtemps en compagnie des protagonistes ? C’est ce qui vient de m’arriver avec ce roman dont l’intrigue se situe au cœur d’une communauté amérindienne. Entre le suspense très bien entretenu, et tous les éclairages apportés sur la tribu des Ojibwés, je n’avais qu’une envie : rester encore un peu avec eux et découvrir davantage d’aspects culturels. « Une dose de rage » est mon coup de cœur absolu pour ce premier trimestre 2022.
Daunis est de la famille des Gardien-de-Feu de la communauté amérindienne de Sugar Island. Elle est aussi de la famille Fontaine, lignée d’Américains blancs aisés. Baignant dans les deux cultures, elle sait qu’elle est le fruit d’un amour mal accepté par les deux communautés. Son père ne l’ayant pas officiellement reconnu, elle n’est pas membre officielle de la Communauté amérindienne. Pourtant chaque jour, elle jongle entre ses croyances et rituels de ses deux familles, sans finalement avoir trouvé sa place.
Rapidement, on se familiarise avec son entourage : Grand-Mary, sa grand-mère maternelle hospitalisée, Mamy June, grand-mère paternelle très impliquée dans sa Communauté, sa mère mourant de chagrin après le décès de son oncle, sa meilleure amie Lily tourmentée par un ex, son demi-frère Levi, l’équipe de hockey… Dans cette routine, arrive le chaos : Lily est assassinée sous ses yeux. Et Daunis découvre que cette mort s’imbrique dans un plus vaste crime : celui d’un trafic de drogues au sein de la communauté Ojibwé. Jamie, le nouvel étudiant tout juste débarqué dans l’équipe de hockey lui révèle alors être un flic infiltré agissant sous une fausse identité pour démanteler le trafic.
Daunis devient indic du FBI, l’obligeant à jouer un rôle même aux yeux de ses proches… et lui donnant l’opportunité de montrer à sa Communauté combien elle a toute sa place en tant que « demi-autochtone ». Il est touchant de la suivre dans cette enquête, et dans sa défense de la Communauté amérindienne. Cela va aussi être l’occasion pour elle de trouver des réponses à ses interrogations personnelles.
Un hommage aux communautés autochtones
Au cours de la lecture, on découvre les offrandes, le Petit Peuple, les expéditions couverture, les cérémonies, le pouvoir des plantes, les enfants amérindiens placés de force dans des pensionnats.… autant de notions clés de la communauté Ojibwé que l’autrice partage avec nous. Et quand arrive le dernier pow-wow, je pleure de devoir quitté Daunis, aussi vulnérable que forte, qui trouve sa place, sous nos yeux.
C’est un très bel hommage à la communauté amérindienne distillé par petites doses bienveillantes tout au long de l’intrigue. Cette immersion culturelle évoque avec nuance l’Histoire des Etats-Unis, et les problématiques actuelles des communautés amérindiennes dans les réserves.
Je vous dit un double oui : oui pour le thriller, oui pour la découverte culturelle ! Cette œuvre de fiction éclaire et donne envie de connaître les véritables histoires des 574 nations, bandes et villages autochtones reconnus par l’Etat fédéral.
Dernière bonne nouvelle : le roman serait déjà en cours d’adaptation pour Netflix !
Sandrine Damie
Une dose de rage
D’Angeline Boulley
494 pages
Paru en anglais sous le titre « Firekeeper’s Daughter »
Traduit en français par Julie Lopez
Editions Nathan
19,95 €