« Les filles du cerf » de Danielle Daniel donne à entendre les voix de femmes autochtones du 17e siècle à l’heure de la colonisation dans ce qui deviendra le Canada. C’est un émouvant travail de mémoire et de transmission qui a demandé dix ans de recherche et d’écriture à l’autrice.
Que raconte le roman historique « Les filles du cerf » ?
Présentation des éditions Paulsen : « 1657, Nouvelle-France, Trois-Rivières. Le clan du Cerf est exsangue après les attaques menées par les Iroquois. Pour assurer la survie du clan et sceller l’alliance avec le royaume de France, le sachem demande aux femmes d’épouser des soldats français. Soucieuse de donner l’exemple, Marie consent à s’unir à Pierre. Quand sa fille vient au monde, la chamane lui révèle qu’elle est promise à un destin tragique. À l’aube de ses dix-sept ans, alors qu’elle est déjà une « fille à marier » selon les lois de la Nouvelle-France, Jeanne s’éprend de Joséphine. Sa bispiritualité, perçue comme une marque de sagesse par les Algonquins, est une aberration aux yeux des colons. La meilleure façon d’y remédier, c’est de la marier.
Dans ce roman poignant inspiré de l’histoire de ses ancêtres, Danielle Daniel dénonce un crime impuni et retrace la vie de celles que l’histoire a réduites au silence. »
Mon avis sur ce roman des éditions Paulsen
En 1657, dans le territoire qui sera un jour le Canada, la vie de la tribu des Algonquins repose sur les épaules des femmes. Elles sont fortement incitées à se marier avec des colons blancs pour obtenir la protection de leur clan. Elles se voient alors contraintes d’abandonner leur style de vie et leurs traditions au profit de celles des Français qui viennent s’installer sur leurs terres.
S’appuyant sur son histoire familiale, Danielle Daniel livre le regard d’une femme autochtone, de son mari venu de France et de leurs enfants au sang-mêlé. Mais comment vivre sereinement quand on se sent tiraillé entre deux cultures ? Le récit de la jeune Jeanne, fille du couple mixte que l’on suit à travers ce roman touchant, exprime le mieux ce difficile équilibre. Explorant les tensions naissant des différences entre les cultures autochtone et européenne, ce roman rappelle le rôle des femmes, aussi bien facilitatrices entre les peuples que gardiennes des croyances ancestrales.
Décidément, les éditions Paulsen ont l’art de dénicher de très beaux récits !
Sandrine Damie
Les filles du cerf (Daughters of the Deer)
De Danielle Daniel
Traduit de l’anglais (Canada) par Florence Moreau.
Editions Paulsen
21 € (papier), 12,99 € (e-pub)
A noter: chronique publiée initialement dans le magazine Happinez85 dans le cadre de mon activité professionnelle.