« Bretagne secondaire » met les pieds dans le plat : comment se loger en Bretagne alors que les résidences secondaires gagnent toujours plus de terrain ? Benjamin Keltz est parti plusieurs mois à la découverte de ces « villages fantômes » hors saison touristique.
Aux éditions Du coin de la rue, la collection “Les explorations bretonnes” rassemble des récits inédits d’auteurs partis à l’aventure dans la péninsule bretonne offrant des regards singuliers et sans complaisance sur la Bretagne. Dans ce 3e opus de la collection, Benjamin Keltz se penche sur un sujet explosif en Bretagne : la crise du logement du fait de la part croissante des résidences secondaires et des locations de courte durée au détriment de l’habitat à l’année. Alors comment faire bon ménage en prenant en considération les besoins vitaux des uns de se loger durablement et le plaisir des autres de profiter de la Bretagne à petites doses ?
L’auteur donne la parole aux maires, propriétaires en villégiature, résidents à l’année et locataires en mal de logement au fil de ses déambulations bretonnes. Un panorama de l’immobilier breton sans langue de bois, et avec beaucoup d’attachement pour les terres bretonnes.
Que raconte « Bretagne secondaire » ?
« Sur le littoral breton, l’explosion du nombre de résidences secondaires et de locations de courte durée prive les habitants de logements. Les écoles se vident. Les volets se ferment. La population vieillit. De Saint-Lunaire à Arzon, Benjamin Keltz a arpenté cette Bretagne qui hiberne hors-saison et se réveille aux beaux jours. Récit mordant et sensible, Bretagne secondaire décrit des territoires sur le fil, dynamisés par la manne touristique mais en proie à des tensions sociales, économiques et identitaires inédites. »
Mon avis sur la lecture de « Bretagne secondaire » ?
Comme Benjamin Keltz, auteur de ce récit documenté, j’ai posé mes valises durablement en Bretagne il y a de cela quelques années maintenant. Je mesure la chance d’avoir trouvé un toit pour ma famille, à quelques kilomètres de la mer, près de Vannes, à 30 minutes du « fief » familial de mon conjoint.
Évidemment, lorsque nous nous baladons sur le sentier côtier en dehors de la haute saison touristique, nous voyons plus de volets clos en journée que de volets ouverts. Dès juin, le mouvement s’inverse… Ainsi va la vie en Bretagne !
L’auteur ancre son récit dans son histoire personnelle : il cherche à acquérir une maison près de Saint-Malo, sa région natale et va vite être confronté à la pénurie de biens et aux prix exorbitants (et la pirouette du dernier chapitre est vraiment bienvenue avec la résidence secondaire en Espagne). Il décide de sillonner la Bretagne pour comprendre ce phénomène des résidences secondaires et de la crise du logement (qui pourrait s’appliquer à la Corse, la Côte d’Azur, etc.) . Et cette quête de sens le mène de Saint-Lunaire à Belle-Ile-en-Mer, Arzon, etc. Pour ce reportage au long cours, il choisit de se faire prêter des résidences secondaires par des connaissances ou de louer via des plateformes un logement de courte durée.
Au fil des pages, il émaille son propos de références littéraires qui ouvrent d’autres portes, aussi bien sociologiques, historiques que poétiques. J’ai aimé cette façon de partager son expérience en y mêlant des témoignages de locaux et des études sur le sujet. Sans a priori ni jugement sur cet état de fait, Benjamin Kelz nous invite à réfléchir aux solutions politiques possibles pour que chacun puisse y trouver son compte.
A noter : Joëlle Bocel, carnettiste et relieuse d’art, agrémente l’ouvrage d’aquarelles en double page rappelant combien l’architecture bretonne donne envie qu’on l’immortalise… et qu’on s’y fasse un cocon où il fait bon vivre.
Un livre que j’ai dévoré d’une traite !
Sandrine Damie
Bretagne secondaire
De Benjamin Keltz – illustré par Joëlle Bocel
Editions du Coin de la rue
17 €