Noémie Monier, rédactrice en chef, souhaite sensibiliser les enfants aux cultures du monde à travers Baïka, le magazine qu’elle lance en cette fin d’année 2015. Et si vous abonniez votre enfant ?
Vous venez de lancer le n°1 de Baïka Magazine. Comment vous est venue l’idée de ce mag pour enfants ?
Au départ, il y avait une double volonté de ma part : un désir de m’engager pour la cause des migrants, et une envie plus ancienne de travailler autour des mythes et légendes pour le jeune public. A l’époque, je travaillais depuis plusieurs années déjà dans l’édition littéraire en tant qu’assistante et je voulais monter mon propre projet éditorial. Celui-ci s’est précisé lorsque s’est posée la question du format et que j’ai mené une petite étude de marché sur la presse jeunesse. J’ai constaté que l’offre avait peu changé depuis ma propre enfance et qu’il y avait une vraie place pour un magazine qui sensibilise les enfants aux cultures du monde. Les deux sujets qui me passionnaient y trouvaient naturellement leur place et se complétaient. Ainsi sont nées les rubriques « Mythes et légendes d’ailleurs » et « Les Aventuriers de la mappemonde ». Les huit autres se sont développées ensuite très rapidement sur cette base.
A qui s’adresse-t-il ?
Baïka s’adresse aux enfants de 8 à 12 ans, et à tous les adultes (enseignants, parents, animateurs, etc.) qui souhaitent disposer d’un support pour aborder les cultures du monde et le thème de l’immigration avec eux.
Pourquoi l’avez-vous intitulé Baïka Magazine ?
Le nom vient de « Baïkal », le lac sibérien, qui est la plus grande source d’eau douce au monde, et de « Bajka » qui signifie « conte de fées » dans plusieurs langues d’Europe. Nous voulions un nom court, facile à retenir, qui ouvre sur un imaginaire de grands espaces et d’aventure et dont on ne puisse pas déterminer avec précision l’origine culturelle. Selon la personne qui l’entend, « Baïka » sonne japonais, russe ou brésilien.
Quels sont les profils qui composent l’équipe du magazine ?
L’équipe est constituée d’une directrice artistique, d’une illustratrice de BD récurrente et d’un(e) illustrateur (trice) tournant(e) pour les mythes et légendes, d’une scénariste BD, d’un chroniqueur ès mathématiques, d’une correctrice et d’un webmaster. Tous travaillent en free-lance et font d’autres choses à côté. J’assure à plein-temps la direction de la maison d’édition, Salmantina, et la rédaction en chef du magazine.
Quelle est la ligne éditoriale que vous souhaitez développer au fil des publications ?
La ligne éditoriale que nous développons est la sensibilisation de l‘enfant à la diversité culturelle. À travers la fiction et le documentaire et avec une approche ludique, Baïka propose un grand voyage autour du monde et de l’altérité en dix rubriques. Nos thématiques principales : la mythologie, l’histoire de l’immigration, l’Histoire, la géographie et les langues étrangères.
Vous proposez notamment une rubrique sur l’immigration mettant en avant le témoignage d’un enfant, avant de valoriser son pays d’origine par un court documentaire. Qu’est-ce qui motive votre choix d’un pays / de l’enfant interviewé ?
Pour la rubrique « Les Aventuriers de la mappemonde », rien ne motive le choix des personnes interviewées si ce n’est le hasard des rencontres. Je recherche avant tout des adultes arrivés dans l’enfance, car cela permet d’aborder leur expérience avec le recul des années. Le pays d’origine importe peu, et je ne cherche pas à me lier à l’actualité brûlante, au contraire.
L’idée est de proposer une vision de l’immigration loin des statistiques et des drames du journal de 20 heures, afin de montrer qu’il y a autant d’expériences de migration que d’immigrés. J’aime ainsi parler de pays qui ne sont pas forcément liés à l’immigration dans l’esprit des enfants, comme l’Albanie dans le premier numéro.
Enfin, cela m’intéresse d’interviewer des personnes arrivées en France à des époques différentes, pour montrer la diversité de l’accueil qui leur a été réservé.
Dans chaque numéro, les lecteurs découvriront un reportage photo réalisé par des enfants en partenariat avec l’association An Eye for An Eye. Comment est né ce partenariat ?
J’ai eu vent de l’existence de l’association An Eye for An Eye par le magazine de la mairie du Xe arrondissement de Paris, autrement dit par hasard. L’association organise des correspondances photographiques entre des enfants issus de milieux défavorisés dans le monde entier. J’ai aussitôt contacté Dorothée Adam et Claire Mazard car leur projet me semblait tout naturellement connecté au mien. Nous cherchons à transmettre les mêmes valeurs.
Vous donnez également la parole aux lecteurs en leur proposant d’écrire de courtes présentations d’un livre qu’ils ont aimé. Quels sont les critères de sélection de ces chroniques ?
Il n’y en a aucun ! Ou alors un seul : une parité deux filles/deux garçons par numéro. Pour être honnête, pour l’instant, c’est moi qui suis allée vers les petits lecteurs et qui leur ai demandé leurs conseils de lecture. Si à l’avenir nous recevons beaucoup de textes spontanés, je les publierai tous sur notre site et il faudra effectivement que je fasse un choix subjectif pour la publication dans le magazine. L’idée générale est de ne pas présenter uniquement des nouveautés et de privilégier une diversité de genres.
Quels sont vos actuels canaux de diffusion ?
Nous sommes auto-diffusés auprès des particuliers et des collectivités (bibliothèques, CDI de collèges et écoles primaires, principalement).
Quels seront les pays et cultures mis en avant dans le prochain numéro de mars 2016 ?
Dans le numéro 2, qui paraîtra début mars, nous parlerons du Kurdistan et du Vietnam.
Que peut-on vous souhaiter pour 2016 ?
Pour 2016, souhaitez-nous d’atteindre 700 abonnés !
Propos recueillis par Sandrine Damie
La joyeuse équipe de Baïka :