Se plonger dans le journal d’Ayami de 1923, c’est s’initier à la culture ancestrale japonaise en suivant le parcours d’une enfant pauvre achetée pour devenir « une oeuvre d’art vivante ».
Pour un voyage au Japon en famille, « Apprentie Geisha – journal d’Ayami – Tokyo 1923 » (Gallimard jeunesse) est un roman très documentée sur le quotidien d’une Geisha : cette dernière excelle dans la pratique des arts traditionnels japonais dans le but de divertir ou d’accompagner de riches clients le temps d’une soirée dans une maison de thé.
Isabelle Duquesnoy a su capter l’essence de l’art japonais pour nous présenter sa version romancée de la société japonaise dans les années 20.
Dans ce roman écrit sous la forme d’un journal intime, Ayami a été vendue très jeune par sa mère pour intégrer une Okiya. Elle ne connait rien de la femme à qui elle vient d’être confiée, et encore moins du monde des Geishas. Dans sa campagne, le quotidien suivait le rythme des saisons et des travaux des champs. Celle qu’elle va devoir désormais appelée « Okâsan » ou « Mama-San » va la guider et la former. Et sous les airs durs et intransigeants de Okâsan, Ayami découvrira une âme bienveillante à son égard au final.
Du statut de Shikomiko (domestique) à celui de Maiko, l’apprentissage est long et parfois douloureux ! La marche ultime à gravir prend encore plusieurs années : maîtriser les arts traditionnels japonais à la perfection est indispensable pour devenir une Geisha.
Extrait :
« Notre amusement fut de courte durée, car le professeur donna son cours, dont il nous conseillait d’écrire immédiatement les principes fondamentaux : l’art floral est bien plus qu’un art, c’est la représentation de la nature, ainsi qu’un exercice de méditation. On ne peut pas en piquant stupidement trois branches dans un vase, imiter la nature ni comprendre sa philosophie. Vous devez respecter le rythme des saisons. Votre arrangement floral doit exprimer la vie, ainsi qu’une chose invisible : l’esprit. »
Des secrets de l’habillement au moindre geste à effectuer avec délicatesse et sans montrer un quelconque effort, nous suivons le dur apprentissage de Ayami. Heureusement, elle peut compter sur la joie de Koko, la cuisinière de la maison, et aussi sur le soutien de Hinako qui l’initie et la prend sous son aile. Mais dans son journal, Ayami ne cache pas les relations tendues qui peuvent aussi exister entre les apprenties.
Extrait :
« Papa, maman où êtes-vous ? (…) Chers parents lointains, je voudrais tant venir saluer les habitants de notre petit village austère et vous surprendre dans vos tâches quotidiennes. Vous seriez alors stupéfiés par une jeune et belle inconnue, descendant d’un pousse-pousse au milieu d’un nuage de poussière suffocante. Je m’approcherais tremblante derrière mon masque de cire blanche, et je sourirais à la vue de vos silhouettes. »
Le roman aurait pu s’en tenir à ce portrait de jeune japonaise, mais c’était sans compter sur un terrible tremblement de terre qui dévaste tout, et emmène Ayami sur les traces de sa famille en pleine campagne. Retrouvera-t-elle les siens ? Quel sera désormais son avenir dans un Japon à reconstruire ?
La réponse réside probablement dans la dernière phrase du livre : « le seul chemin qui mène au sommet se nomme persévérance ».
Avec cette immersion dans une maison traditionnelle japonaise, on découvre des rituels, des coutumes, l’art de la calligraphie, de la danse, de la musique et du thé… On apprend le travail acharné de chacune pour espérer un jour décrocher le titre suprême de Geisha. Ce roman – que je conseille aux ados – est dépaysant et instructif. Un très bon moment de lecture en vue d’un voyage au pays du Soleil Levant.
Sandrine Damie
Dans la même collection : « Léon, sur le chantier de la tour Eiffel » de Dominique Joly.