Dans « Les fantômes zen », à l’occasion d’Halloween, trois enfants vont découvrir la légende de Senjo. Etes-vous prêts à vous laisser entraîner dans un Koan, questionnement traditionnel bouddhiste, tout droit venu de Chine ?
Les Koans sont des questions auxquelles chacun doit trouver sa propre réponse. Il est impossible de leur apporter un côté rationnel ! Il faut accepter l’idée que ce qui compte est la question que l’on se/nous pose, et non la solution qu’on lui apporte. Alors on entre petit à petit dans l’univers bouddhiste.
Les fantômes zen est un conte s’appuyant sur différentes versions de la légende chinoise de Senjo. Elle a été rapportée à l’auteur par trois moines bouddhistes chinois. Elle fait partie d’un recueil de Koans intitulé « La barrière sans porte ».
L’album se déroule en deux parties : la première dans un temps moderne, la seconde dans un temps qui nous semble lointain, révolu. Et c’est un panda du nom de Source-Tranquille qui fait le lien entre ces deux mondes.
Michael, Karl et Addy sont trois amis qui se demandent comment ils vont se déguiser pour la soirée d’Halloween quand Source-Tranquille vient frapper à leur porte. Il leur propose de les rejoindre en fin de soirée près du long mur en pierres.
Après une moisson de bonbons aux doux noms de Kipic et Petites menthes, les enfants suivent Source-Tranquille chez lui car il souhaite leur raconter une histoire de fantômes. L’énigmatique panda s’empare d’un magnifique pinceau, et leur annonce : « Je vais vous dessiner une histoire…« .
Et là, le lecteur se trouve plonger dans une nouvelle ambiance. Les dessins sont sur fond blanc, épurés, posés en quelques traits majestueux de pinceaux.
Les enfants découvrent alors la légende de la jeune Senjo, amoureuse depuis son enfance de son ami Ochu, et qui rêve de se marier avec lui (et lui aussi, ça tombe bien !). Mais la maladie de son père l’a contraint à un destin différent : elle épousera un homme fortuné pour le bien de sa famille.
D’un côté on découvre Senjo et Ochu fuyant ensemble pour fonder une famille ; de l’autre on voit Senjo alitée par son chagrin d’amour. Un jour, les deux Senjo ne font plus qu’une !
L’album se termine par un retour dans la maison de Source-Tranquille, laissant le lecteur en pleine réflexion. A chacun de se questionner, de trouver la résonance de cette légende dans son coeur… Pas facile d’expliquer la dualité aux enfants au final !
La question de la dualité dans « Les fantômes zen »
Tout au début de l’histoire, Karl est tiraillé entre deux choix de costume : celui d’un hibou et celui d’un pirate. Quand Source-Tranquille lui dit de se déguiser en « hibou-pirate », l’enfant lui répond : « Un hibou-pirate, ça n’existe pas ! On ne peut être qu’une chose à la fois ». L’enfant reconsidérera probablement sa réponse après avoir entendu la dualité qui ronge Senjo : être soi-même ou suivre le chemin décidé par d’autres ?
Au final, une découverte du principe du Koan à la fois troublante et attirante. C’est une approche philosophique intéressante dans laquelle les enfants se plongent plus facilement que les adultes !
A noter : la couverture en papier tissé tout comme les illustrations à l’aquarelle m’ont particulièrement séduite.
Sandrine Damie
Les fantômes zen
de Jon J. Muth
Fei Editions
14,90 euros
Extraits :
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