Roman ado : Sweet Sixteen



Pour une escapade en famille aux Etats-Unis, le roman pour ados « Sweet Sixteen » (de Annelise Heurtier) dresse un portrait sans concession de l’Amérique sudiste de la fin des années 50 à travers deux adolescentes, l’une blanche, l’autre noire. L’enjeu : l’intégration de la communauté noire dans les écoles de Blancs.

Lors d’un voyage en famille aux Etats-Unis, vous allez apprécier les grands espaces de l’Ouest américain, le vent de liberté qui souffle à San Francisco ou encore la vie cosmopolite de New York. L’American way of live séduit encore aujourd’hui. Pourtant dans les années 50, la ségrégation battait son plein, et l’idée même de voir « un noir » dans les mêmes lieux « qu’un blanc » – vestiaires, toilettes, bus, etc. – était alors inimaginable dans le Sud des Etats-Unis.

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Pour comprendre le chemin parcouru par les Américains qui ont depuis élu Barack Obama comme Président, « Sweet Sixteen » de Annelise Heurtier (Casterman Poche) est un roman qui certes bouscule mais offre un portrait de société très précieux. A sa lecture, on passe par toutes les émotions possibles : espoir, haine, colère, incompréhension, désespoir… avec quelques notes d’optimisme ! Il est conseillé à partir de 12 ans.

Dans cette histoire inspirée de faits réels* (l’auteure le précise d’ailleurs dans un avant-propos judicieux permettant aux lecteurs de saisir toute la portée du récit qui va suivre), Grace la riche américaine blanche qui sera élue Reine du bal de fin d’année et Molly, jeune fille noire modeste, qui a choisi d’intégrer un lycée blanc vont évoluer sous nos yeux. Au fil des pages, on les voit  aimer, souffrir et devenir adultes. Et leur « sweet sixteen », passage rituel de l’enfance à l’âge adulte pour les Américaines, aura une saveur particulière pour chacune d’elles.

Comment deux jeunes filles, du même âge, de la même classe, de la même ville peuvent avoir des destins aussi diamétralement différents ? Ce récit à deux voix passe de l’une à l’autre pour arriver à la fin à une histoire commune. Mais que de souffrances et de larmes pour y parvenir.

Morceaux choisis :

« Grace ne croyait pas éprouver une quelconque sympathie pour les Noirs, mais elle se demandait comment Martha pouvait prendre une apparence si détachée alors que sa patronne parlait de la sorte, juste sous son nez. A sa place, elle aurait été mortifiée. Au lieu de quoi, Martha continuait son travail sans rien laisser paraître. De la sueur perlait de ses tempes, mais il faisait tellement chaud et humide que cela pouvait aussi bien être dû à la nonchalance du ventilateur » (p.36).

« – Qu’ont-ils à y gagner, au fond ? Pourquoi est-ce qu’ils tiennent tant à nous maintenir dans cette position ? Est-ce qu’ils ont peur de nous ?
– Sûrement, répondit Shiri après quelques instants. Le drame, finalement, c’est que l’on vit côte à côte, mais pas ensemble. On ne se connaît pas. » (p.47)

Sandrine Damie

*Arkansas, Little Rock, 1957. Dans un contexte particulièrement hostile à la fin de la ségrégation raciale, le lycée central de Little Rock décide de s’engager dans le processus d’intégration donnant la possibilité à des lycéens noirs de s’inscrire : 9 d’entre eux se retrouvèrent donc à la rentrée face à 2 500 lycéens prêts à les y en empêcher.

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