Votre ado aimera ce roman où plusieurs destins se croisent pour mieux nous dépeindre la complexité de la Russie de la Révolution bolchévique.
Tsvetana Kolipova est une jeune comtesse au coeur de la Russie de 1917. Mal à l’aise dans son univers aristocrate protégé, elle rêve d’un monde plus juste et plus égalitaire alors que la révolution commence à gronder à Petrograd. La chute du tsar (« les blancs ») et la prise du pouvoir par Lénine (« les rouges ») va être la toile de fond de cette épopée.
C’est en fait le destin incroyable de Tsvetana – d’abord danseuse puis révolutionnaire et infirmière sur le front – que Jean-Michel Payet fait vivre dans ce roman de 540 pages destiné à des ados : « dans la nuit blanche et rouge » (Folio junior).
Si l’on y découvre les dessous de la Révolution bolchévique – ses solidarités, ses traitrises, ses atrocités – on est également aspiré par la double quête personnelle de Tsvetana. Elle découvre l’existence d’une demi-soeur jusque là inconnue et n’aura de cesse de faire sa connaissance. Et elle rencontre l’âme soeur sous les traits de Roman, ange gardien et amant…. qui a le don d’immortalité.
Ce don d’immortalité, il le tire d’une bague bien singulière. Et cette bague est passée entre les mains de la demi-soeur de Tsvetana d’où la première rencontre, si peu fortuite entre les deux personnages principaux qui vont rapidement s’aimer, se perdre pour mieux se retrouver après des mois d’errance et de quête acharnée.
Et ce sont les allers-retours entre le réel et la fiction qui donnent une saveur particulière au récit. On aurait pu avoir un simple témoignage d’une jeune fille durant la révolution, on a plutôt une épopée fantastique, où l’irrationnel semble si plausible dans un tel tumulte !
Cerise sur le gâteau : tout au long du récit, un personnage prend la parole pour évoquer la recherche des bourreaux de sa fille et de sa femme. Si ses prises de parole semblent au début déconnectées de la vie de Tsvetana, la scène finale autour de la fameuse bague fera le lien entre tous les protagonistes. La revanche de ce père et mari meurtri m’a fait couler plus d’une larme !
Au final un récit dense qui peint la Russie de la Révolution bolchévique sans concession, et qui offre un portrait de femme indépendante et engagée… transcendée par l’amour.
Sandrine Damie