Avec son roman « Les champs brisés », Ruth Gilligan vous invite dans une Irlande en pleine mutation. Entre la course à la rentabilité et à la modernité et le maintien des traditions, les habitudes sont bousculées dans la campagne irlandaise du temps de la vache folle.
Ma fille partait en voyage scolaire avec le lycée en Irlande, et j’ai vu passer ce titre : « Les champs brisés« . Je n’ai donc pas résisté longtemps à la tentation et j’ai lu ce roman irlandais quand elle était sur place… comme ça, j’ai un peu découvert l’Irlande en même temps qu’elle 😉
Que raconte le roman « Les champs brisés » ?
« En Irlande, huit Bouchers parcourent le pays pour abattre le bétail conformément à une tradition ancestrale selon laquelle la famine s’abattrait sur le pays si le rituel n’était pas respecté chaque année. Or à la fin des années 1990, face à la modernisation de l’Irlande et à la crise de la vache folle, ces compagnons sont voués à disparaître.
Una, douze ans, fille de l’un des Bouchers, est prête à tout pour devenir l’une des leurs. Sa mère tente de lui faire comprendre que cette vieille coutume n’aura bientôt plus cours et que ce cercle n’est pas ouvert aux femmes, mais Una, solitaire et timide, voit là une façon de trouver enfin sa place dans le monde. Dans sa propre famille, dans son école, dans sa vie.
Entre coutume et modernité, la fine plume de l’autrice brosse le portrait d’une Irlande en pleine mutation à travers le destin d’une jeune fille confrontée à un monde brutal. »
Mon avis sur ce roman irlandais
Le roman « Les champs brisés » est un portrait de l’Irlande contemporaine au moment où la crise de la vache folle fait son apparition. Cette épidémie agit comme un révélateur de l’évolution de la société irlandaise avec la modernisation de son agriculture, les profits à tout prix justifiant les pratiques les plus douteuses et l’abandon de pratiques ancestrales : celle des Bouchers qui passaient de ferme en ferme pour abattre le bétail.
Cette mutation de la société irlandaise nous est contée par un narrateur extérieur à l’action. Au fil des chapitres, on découvre les Bouchers, leurs femmes, un énigmatique photographe et Una, ado et fille de l’un des bouchers.
En filigrane : une photo d’un boucher qui va être exposée dans une galerie prestigieuse et qui va nous poursuivre tout au long du récit. Elle est aussi monstrueuse que fascinante par sa mise en scène si équilibrée : un boucher est suspendu par les pieds dans une ancienne chambre froide. Le ton est donné. L’Irlande qui s’offre à vous, est rude dans les campagnes. Vous allez croiser Una, sa mère, Madame P. et Lena toutes les quatre touchantes par leurs façons singulières d’aborder la vie. Mais c’est aussi l’histoire de Davey promis à de brillantes études à Dublin, de Connor jeune Boucher dont il va tomber amoureux.
Dans ce roman, vous allez être les témoins de la chute inexorable des Bouchers. Même s’ils sont absents de leurs foyers de longs mois, les Bouchers sont omniprésents… mais pour combien de temps ?
Et la photo, me direz-vous ? Vous devrez attendre les toutes dernières pages pour voir éclore l’explication de ce cliché énigmatique.
Un excellent roman choral tant par l’histoire contemporaine qu’il partage avec nous que pour les portraits de chacun des personnages. Une pépite !
Et en bonus, l’interview de l’autrice (en anglais) évoquant son roman :
J’ajoute l’Irlande à mes envies de voyage… et vous ?
Sandrine Damie
Les Champs brisés
Ruth Gilligan
Traduit par Elisabeth Richard-Berthail
Editions du Seuil
22 euros