Dans « piège nuptial », Douglas Kennedy dresse un portrait de la vie dans l’Outback australien au vitriole où vous allez rire jaune. Cette traversée en van dans le bush australien sent la bière, la sueur, la bagarre… et la survie ! Etes-vous prêt à vivre l’impensable aux côtés de Nick, reporter américain désabusé, parti en Australie sur un coup de tête ?
Comment choisit-on ses lectures ? Pour ma part, une dose de hasard, des conseils de proches, des communiqués de presse, des posts #Bookstagram et la magie des rencontres parfois. Il faut que je vous raconte comment j’en suis venue à lire « Piège nuptial » de Douglas Kennedy.
Pourquoi j’ai choisi « Piège nuptial » de Douglas Kennedy ?
Cette année au super salon Livr’À Vannes en juin, Douglas Kennedy était annoncé pour une rencontre littéraire. Habitant à quelques encablures de l’évènement, je saute sur l’occasion pour aller écouter cet auteur américain (exilé une partie du temps en France depuis plus de 10 ans… son accent en français est charmant !). Il vient de publier un nouveau roman qui se télescope avec l’actualité américaine sur le droit à l’avortement.
Je vais l’écouter donc. À la fin, lors des échanges avec la salle, une dame lui pose une question sur « Cul de sac » (désormais publié sous le titre français de « piège nuptial »), son roman dont l’intrigue est ancrée dans l’outback australien. Quand il commence à parler de son séjour en Australie, dans le cœur Rouge de l’île-continent, mon palpitant s’emballe. Je m’y vois… comme il y a un peu plus de 20 ans quand j’ai passé un mois sur place. Je retrouve la chaleur écrasante, l’image d’une nature infinie, sauvage et étonnamment vide d’humanité, les beuveries dans la chaleur accablante d’un bar miteux, etc. Et alors que la conférence s’achève, je sais quel livre je vais courir acheter à son auteur sous le chapiteau voisin…
Que raconte « Piège nuptial » ?
« The Dead Heart » a été publié en 1994 en anglais, puis traduit en français sous le titre « Cul de sac » par Catherine Cheval (1997). Il s’agit du premier roman de l’auteur. En 2008, on le retrouve sous le titre « Piège nuptial », suite à sa nouvelle traduction de Bernard Cohen. C’est cette nouvelle version parue chez Pocket que j’ai eu le plaisir de lire.
Nick – Américain la quarantaine bedonnante – part pour un voyage en Australie. Depuis Darwin, il décide d’acheter un van pour relier Darwin à Perth, soit plus de 2 650 kilomètres à arpenter au milieu de nulle part. Il pense que ça va être une parenthèse dépaysante, une étape dont il a besoin dans cette vie américaine pas si reluisante pour lui.
Dans l’Outback australien, la station à essence est l’étape incontournable pour faire des stocks en tout genre avant de se perdre de nouveau dans l’infini des terres inhabitées, écrasées par la chaleur. On y fait le plein, on boit une bière, on échange quelques informations… et on trace sa route. Alors qu’il fait un stop à une station service, une jeune femme s’invite à bord de son van. A 21 ans, Angie dit partir pour la première fois de son bled – Wollanup – ancienne cité minière, officiellement évacuée de tout habitant et rayée de la carte par les Autorités suite à un accident dans une mine. Wollanup, village fantôme ? Pas tout à fait…
Mon avis sur « Piège nuptial » ?
Qui est allé en Australie comprend cette atmosphère singulière décrite à merveille dans le roman. Poussant à l’extrême sa vision de la vie dans l’Outback, Douglas Kennedy vous entraîne dans un roadtrip qui se transforme rapidement en enfermement. Kidnappé et marié de force, Nick va devoir élaborer un plan d’évasion pour rejoindre la première route goudronnée à plus de 600 km (oui, oui, c’est possible en Australie). Il faut à tout prix qu’il s’échappe de cette communauté qui vit à la marge de tous, en vase clos.
Au delà du récit haletant et des scènes souvent déjantées, j’y vois un portrait d’un homme en quête de sens, et une dénonciation des mariages forcés, des dérives sectaires aussi.
Sans vous dévoiler le dénouement, j’avoue avoir pleuré à la fin alors que le roman est globalement drôle, déroutant, surprenant. Je vous le recommande que vous alliez ou non dans l’Outback. Moi je viens d’y retourner par procuration et cela m’a fait un bien fou !
Il suffit parfois d’une main tendue pour que le ciel sombre s’éclaire de nouvelles promesses.
Laissez-vous tenter par ce roman glaçant à la chaleur étouffante !
Sandrine Damie
Piège nuptial
De Douglas Kennedy
Pocket
7,10 €