« Celle que je suis » est l’histoire d’une ado en rébellion contre les traditions de son pays, l’Inde. Alors qu’elle pensait pouvoir vivre comme bon lui semble, la voilà obligée de suivre les règles patriarcales… Mais jusqu’à quand tiendra-t-elle ?
L’Inde ne se résume pas à ses palais de Maharaja ni à Gandhi. Avec « Celle que je suis », son dernier roman pour ados publié en novembre 2019, Anne Loyer invite les jeunes à découvrir la vie d’une ado indienne cultivée, tiraillée entre les traditions et ses aspirations personnelles.
Mais à quoi rêve une ado en Inde ? A être libre et à vivre ses rêves… mais pour Anoki, qui pensait pourtant vivre dans une famille à l’esprit ouvert, il semblerait que le poids des traditions soit hélas encore bien présent…
Alors que ses parents l’incitent comme ses frères et sa sœur à poursuivre ses études, Anoki découvre une autre facette familiale quand sa belle-sœur annonce qu’elle vient de décrocher son diplôme d’infirmière. Il est hors de question de travailler, lui apprend son beau-père (le père d’Anoki) chez qui elle habite depuis son mariage. La place de la femme est à la maison pour servir son mari.
Le coup est d’autant plus brutal qu’Anoki pensait sa famille plus progressiste, son frère étant parti étudier à l’étranger. Mais elle découvre à son grand désarroi que l’avenir accordé à un garçon ne l’est pas à une fille.
Le roman met bien en lumière les lois de Manu (ou Manusmrti). Il s’agit d’un code de lois du 2e siècle, le plus important de la tradition hindoue :
« Dans l’enfance, une femme doit être soumise à son père, dans la jeunesse, à son mari, et lorsque son maître meurt, à ses fils. Une femme ne doit jamais être indépendante, […] une femme n’est pas faite pour être libre. »
Anoki, doit-elle faire preuve de loyauté envers sa famille ou répondre à son envie d’émancipation ? Va-t-elle réussir à prendre le côntrôle de sa vie… ou subir en silence ?
Présentation du roman « Celle que je suis » par son éditeur
« En Inde, quand on naît fille, on ne part pas avec les mêmes chances qu’un garçon. Anoki, jeune fille de 16 ans, rejette la voie toute tracée que lui dictent les traditions. Afin de choisir sa propre voie, elle va devoir s’opposer à ses parents. En chemin, elle trouvera l’amour, et le soutien de son entourage, pour grandir et s’épanouir pleinement. »
Pourquoi j’ai aimé la lecture de « Celle que je suis »
Anoki est combative, et fait partie de ses femmes fortes qui font bouger les lignes. Elle pourrait choisir la facilité, celle de la lignée familiale où la femme n’a pas son mot à dire. Elle choisit d’écouter son cœur, sa voie intérieure pour une vie qu’elle espère meilleure et plus juste. Mais cela ne se fait pas sans tiraillements.
Avec ce personnage au caractère affirmé, Anne Loyer touche juste. Rien n’est tout blanc ou tout noir. Les us et coutumes en décalage avec les aspirations de la jeunesse sont au cœur du récit.
Extrait (page 62) :
« L’actualité que nous suivons à la trace, que nous décortiquons fait après fait, n’est rien d’autre que l’image d’une civilisation que, tour à tour, nous aimons ou détestons. C’est en la connaissant, en la dénonçant ou en la soutenant, que nous accompagnons son évolution. Que nous pourrons combattre ses travers et amplifier ses bienfaits. »
Ce roman met aussi en lumière le rôle déterminant des associations féministes qui oeuvrent, souvent avec peu de moyens, pour accompagner des femmes dans le chemin de l’émancipation.
Au final, un roman que je conseille dès 12 ans.
Sandrine Damie
Celle que je suis
D’Anne Loyer
Editions Slalom
14,90 €