Le roman « La Mercedes rouge » de Didier Dufresne raconte l’histoire d’une famille turque qui va tenter sa chance en France pour une vie que le père juge meilleure. Mais tout le monde sera-t-il du même avis ?
L’immigration est au coeur de notre actualité, mais aussi de l’Histoire de l’humanité. Pourquoi choisit-on parfois de quitter son pays ? Dans son roman La Mercedes rouge (Oskar Editeur), Didier Dufresne nous livre le parcours de vie de Davut, Turc de 9 ans, dont le père va décider de tenter sa chance en France dans les années 80.
Ismaël vit dignement mais de façon très pauvre dans la campagne de Trabzon, avec sa femme Sevim et son fils Davut. Ce dernier se réjouit chaque année du retour de son oncle à bord de sa grosse Mercedes. Il revient d’Allemagne où il est parti travailler chez un grand constructeur automobile tandis que femme et enfants sont restés au village.
Si Davut reçoit en cadeau un stylo « Volkswagen » comme le bien le plus précieux, il rêve secrètement d’avoir un jour une Mercedes rouge, signe de sa future réussite sociale. Mais voilà pour réussir, il faut quitter le village. Au bout de quelques mois, l’idée fait son chemin. Ismaël part en France quittant son travail d’ouvrier agricole pour monter des pneus sur une chaîne de fabrication en France. Ce n’est pas une situation aussi enviable que celle de l’oncle Mehmet, mais l’avenir offert en France semble bien plus prospère que le quotidien turc.
Au fil du roman, Davut nous fait part de son ressenti. Il partage sa vision des choix faits par son père et des bouleversements que cela entraîne dans sa vie. Il sait aussi rendre hommage à sa mère, qui dans l’ombre, fait vivre la maisonnée et accepte chaque décision prise, quoi qu’il lui en coûte. Parce que Sevim est loin d’être sur la même longueur d’ondes que les hommes de la famille quant il s’agit de la vie en France.
Le grand départ pour la France…
Le grand jour du départ de Sevim et Davut arrive enfin. Ils rejoignent Ismaël dans son nouvel appartement en France… avec l’eau courante, une baignoire et même une chambre uniquement pour Davut. Le rêve !
Ismaël travaille de nuit rentrant épuisé au petit matin.
Davut découvre l’école et les joies de l’enfance avec ses camarades de quartier, tous issus de pays différents.
Mais Sevim dans tout cela ?
Passant le plus clair de son temps chez elle, nostalgique de son village et de ses amies, elle rappelle aux lecteurs le coût de son déracinement. Que de déchirements et de sacrifices pour partir et (re)faire sa vie.
Davut est un garçon tranquille et attachant. Les jeunes lecteurs n’auront aucun mal à s’identifier à lui et auront plaisir à découvrir ce qu’il sera devenu une fois devenu adulte. Alors, d’après vous, une Mercedes rouge ou pas au final ?
Pour ma part, c’est le portrait de Sévim, la mère qui m’a bouleversée et fait encore écho aujourd’hui dans mon coeur, une fois le livre terminé.
A mettre entre toutes les mains à partir de 10 ans.
Un roman court, éclairant et attachant !
Sandrine Damie
La Mercedes rouge
de Didier Dufresne et Gaël Henry (illustration de couverture)
Oskar Editeur
10,95 euros
Merci Sandrine !